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Route de l’ambre – Sur les pas des voies commerciales de la précieuse résine

La Route de l’Ambre était un axe commercial qui reliait les pays Européens du bassin Méditerranéen et les régions de la côte Sud de la mer Baltique. L‘élément principal de ces échanges était bien entendu la précieuse résine calcifiée qui a pris le nom d’« ambre de la Baltique ». 

Au début, c’était un objet de commerce précieux entre les Celtes empruntant les voies terrestres qui serpentent en suivant le cours de la Vistule et du Dniepr ; puis au Vème siècle avant JC, les premières expéditions organisées vers le Sud de l’Europe ont eu lieu. 

Fait intéressant : L'ambre n'était pas expédié vers les régions Baltes, mais acheté auprès d'intermédiaires Celtiques. Ce n'est qu'après un certain temps, lorsqu’a été proclamé l'achèvement des conquêtes des régions du Danube central au Ier siècle après JC, que les Romains ont développé le commerce de l'ambre à une échelle plus importante.

Explorons immédiatement la riche histoire de ce trésor de la nature en parcourant son évolution et sa destinée depuis son existence séculaire sur la route de l’ambre jusqu’à nous jours. 

Origine des voies de négoce

Dès l’âge du bronze, avec la route de l’Étain, la route de l’ambre s’est imposée comme étant un voie terrestre incontournable en Europe. De la mer Baltique à la mer Méditerranée en suivant le cours de la Vistule, de l’Elbe et du Danube, elle ouvre le champ des possibles aux chercheurs de cette série emblématique. Ce sont les romains qui se sont emparés de cet itinéraire en organisant plusieurs voyages de la Pannonie à la mer Baltique, en particulier dans la péninsule de Kaliningrad en Lituanie. 

Il faut dire que cette pierre organique qui n’est donc pas un minéral, se forme dans les immense forêts de Pinus Succinifera traversant de nombreux pays du Nord au Sud du Vieux-Continent dont :

  • La Finlande
  • La Biélorussie
  • La Lituanie
  • La Lettonie
  • L’Estonie
  • La Pologne
  • La République Tchèque
  • la Hongrie
  • L’Autriche
  • L’Italie
route ambre
©Wikipédia

Développement de l’itinéraire

Le plus grand développement du commerce a eu lieu au IIIe siècle, tandis qu’à partir du milieu du IVe siècle cet échange commençait lentement à s’éteindre.

Au tournant des Xe et XVe siècles, ce circuit a acquis une immense popularité en Europe de l’Est, grâce à ses incroyables vertus et sa facilité de traitement sur l’Homme. Face à la demande croissante, les chercheurs du précieux gemme organique ont fini par le transporter par les voies fluviales. 

Il y avait aussi d’autres itinéraires inconnus pour le transfert de l’ambre. Cependant, ils n’ont pas été spécifiés en raison des grandes quantités d’ambre qui ont été véhiculées. 

Les pierres étaient souvent livrées par les mains de petits marchands (en quantités qu’ils pouvaient porter sur leur dos). L’importation d’ambre sur le territoire de Novgorod (plus ancienne ville historique de Russie Européenne) et des régions voisines dépendait largement des relations avec les voisins occidentaux (avec la population des États Baltes du sud-Est, et à partir du XIIIe siècle des relations avec l’Ordre des Chevaliers de l’Épée). 

Dans l’Antiquité, la route de l’Ambre fût maintenue Au Proche et Moyen-Orient, elle jouit d’une grande popularité en raison de ses bienfaits santé et de la sérénité qu’elle apportent lors des scènes de culte. Les Égyptiens et les Arabes l’appelaient « anbar ».

Les différentes voies de la route de l’ambre

Il existe trois anciennes routes le long desquelles l’ambre était transportée par les passionnés de ce gemme organique.

  1. La première route partait de la côte Adriatique à travers le territoire de la Hongrie et de la Moravie (actuelle Tchéquie), puis à travers Kalisz (Pologne) jusqu’à la mer Baltique.
  1. La seconde route traversait la mer Méditerranée et les colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar). Les Phéniciens ont commencé leurs voyages maritimes avec la résine. 
  1. La dernière route traversait la frontière orientale de l’Europe en passant par la mer Noire. Elle remontait le Dniepr, traversait la Dvina, Pripyat, la Vistule et, par conséquent, atteignait les rives de la mer Baltique. Cette route était le plus souvent suivie par les Étrusques et les Ligures. La trace des Romains n’apparaît sur cette route qu’au IIIe siècle avant JC.

Ces différentes voies ont été remontées grâce aux groupes errants de marchands ambulants qui ont laissé de nombreux souvenirs. C’est le résultat du troc entre vendeurs qui était en vigueur à cette époque. Les archéologues ont trouvé de nombreux objets d’ambre romains de cette époque dans les cimetières slaves. 

les voies europe route ambre
©Alternatives Economiques

De plus, la résine issue du Pinus Succinifera (Pin Baumier) vit et change de couleur tout au long de son existence et au fil des modifications climatiques et ressentis perçus lors de ses divers transports. Ceci est également influencé par les différents types d’ambre qu’il soit minier et marin.

Où l’ambre était-il et est-il particulièrement apprécié dans le monde ?

Depuis sa découverte dans l’ère du Paléolithique, la résine fossilisée issue de conifères a rapidement été adoptée par la plupart des peuples du globe. Hommes, femmes et enfants portaient fièrement la pierre taillée comme amulette, pendentif ou collier tressé pour traiter de nombreux rhumatismes et notamment les poussées dentaires.

Elle a longtemps été utilisée pour des ornements coûteux et extravagants (bijoux), ou dans l’art décoratif notamment religieux. L’une des œuvres d’art de l’ambre les plus populaires et les plus uniques était la chambre d’ambre – réalisée en 1701-1709 par Gottfried Turau et Ernest Schacht et conçue par Andreas Schlüter. Elle fut offerte par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume Iᵉʳ au tsar de Russie Pierre le Grand en 1716.

chambre ambre
©Paris Match

Au Moyen Âge, le plus grand nombre de coffrets, de plats, d’objets de culte, tels que des croix, des chapelets, des autels d’ambre, ont été produits en Europe. Les meubles étaient également décorés d’ambre. Au XIXème siècle, des pipes, des cendriers et des horloges en ambre ont été produits en Autriche. 

Dans l’entre-deux-guerres, des bijoux de structure classique ont également vu le jour, tels que des colliers de différentes longueurs et des bracelets. Au tournant des XXe et XXIe siècles, les artistes travaillant l’ambre ont utilisé des méthodes de traitement de plus en plus sophistiquées. Ils ont ainsi voulu souligner les qualités esthétiques et la valeur de cette pierre ainsi que son extraordinaire splendeur.

De nos jours, elle est appréciée au Moyen et en Extrême-Orient. Il faut dire que les populations Maghrébines ont rapidement adopté les chapelets d’ambre. Depuis l’Antiquité, dans les pays Musulmans, les cordons de prière étaient faits avec des perles d’ambre spéciales. Les musulmans ont hérité leur attachement des Babyloniens et des Assyriens. Les Chinois, les Indiens et les Birmans du même courant religieux sont également friands de ces misbaḥa.

Dans les pays Slaves la croyance d’autrefois résultait du bonheur qu’offrait la résine à ses propriétaires, en particulier, les pépites d’ambre avec une inclusion avaient des propriétés magiques. On croyait également que si un homme offrait à une femme un objet en ambre (en particulier un collier ou un pendentif) comme premier cadeau, il l’épouserait définitivement. 

La Chine – un pays qui aime particulièrement l’ambre

Les Chinois sont la nation qui aime le plus l’ambre ! Ce phénomène est influencé non seulement par les hautes valeurs esthétiques de cette matière première, mais aussi par de nombreuses années de tradition, une riche histoire de la médecine naturelle et des croyances. Cela signifie d’abord une certaine appartenance aux sphères sociales supérieures.

Pendant des siècles, elle a été considérée comme la pierre de la famille impériale, et donc personne d’autre ne pouvait la porter et l’utiliser à diverses fins. 

En effet, contrairement au Vieux-Continent, en Asie, elle est traitée comme une « pierre sacrée » et une croyance perdure sur le fait qu’il s’agissait d’un morceau de l’âme de tigres morts creusés sous terre. Le tigre était censé apporter la santé, la fortune et la chance en amour. C’est d’ailleurs pour cela que là-bas, le terme ambre se prononce « hu po ». Cela signifie littéralement « l’âme du tigre » ou « le pouvoir du tigre ». 

Dans le bouddhisme, la population l’a voit comme une « pierre sacrée du soleil ». Elle apporte la santé et la clarté d’esprit. Pour les suivre dans leur quotidien, les Chinois ont produit des bijoux religieux qui ont été utilisés par les gens pour effectuer des prières et des rituels bouddhistes. Avant cela, chaque moine bouddhiste portait un petit caillou d’ambre avec lui en raison de ses pouvoirs calmants. Elle est appréciée depuis de nombreuses années de tradition, de valeur et de propriétés telles que : le naturel, la délicatesse et la chaleur de cette pierre. 

collier ambre

Les Chinois l’apprécient donc pour sa puissance et son histoire (elle existe depuis des millions d’années). Ils l’importent en grandes quantités dans des camions, principalement depuis des producteurs et des mineurs Polonais, de Kalingrad et d’Ukraine.  

Les statistiques sont impressionnantes ! Près de 40 % des bijoux en ambre produits en Europe sont destinés à l’Asie et le chiffre d’affaires annuel est estimé à environ 200 millions d’euros. En 2016, des produits ambrés d’une valeur totale de près de 140 millions d’euros ont été expédiés à l’étranger, soit 27 % de plus que les années précédentes. Malheureusement, face à l’engouement autour de cette résine merveilleuse et ses propriétés curatives, la Chine produit paradoxalement les plus grandes quantités de bijoux en ambre contrefaits, qui sont ensuite exportés vers l’Europe. Une nouvelle voie de la route de l’ambre qui est hélas moins glorieuse.